Berlin, petite reine du vélo

Les Berlinois pédalent plus vite que la mairie. Victime de son succès, le plan de promotion du vélo adopté il y a cinq ans dans l’idée de ménager l’environnement a pris la municipalité de court. La quasi-totalité des Berlinois possède aujourd’hui leur propre deux-roues. Plus d’un déplacement sur dix - 12 % du trafic - se fait à vélo. Pour une métropole de cette dimension, c’est un défi énorme. Et surtout très coûteux. Dégât collatéral : «Nous avons beaucoup plus d’accidents», se désole Heribert Guggenthaler, chef du service municipal de la voierie, qui a mis en place un programme d’urgence pour la sécurité des cyclistes. «Mais il est impossible de le déployer aussi vite que le nombre de cyclistes augmente.»

Le budget de cinq millions d’euros dédié l’an dernier au vélo est largement insuffisant pour développer le réseau de pistes cyclables. La direction de l’urbanisme estime qu’il faudrait en réalité 30 à 40 millions d’euros pour assurer les travaux nécessaires. La capitale allemande dispose déjà de près de 700 kilomètres de pistes cyclables, auxquels s’ajoutent plus de1 000 km de bandes signalées par de simples marquages. La prestigieuse avenue Unter den Linden, qui traverse le centre-ville, voit déjà passer 9 000 vélos par jour. Mais le volume des déplacements à deux-roues devrait encore croître de 15 % dans les deux prochaines années, soit 100 000 usagers quotidiens supplémentaires.

Cette année, la direction de l’urbanisme a décroché une petite rallonge pour son budget vélo, porté à 8 millions d’euros, mais il n’est pas prévu d’augmentation pour l’an prochain.

La municipalité envisage une nouvelle stratégie pour lever des fonds : le recours aux sponsors. Des clubs cyclistes, voire des entreprises privées, réalisent un aménagement en échange d’une publicité. Dernier parrainage en date, celui du constructeur automobile Skoda, qui a apposé son nom au premier marathon cycliste réunissant plus de 10 000 participants. Une opération qui pourrait presque avoir l’effet contraire et accélérer encore davantage l’engouement pour le vélo.

Libération le 20 juin 2008

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